Un match européen sous haute tension
Le 30 septembre 2009, le Santiago-Bernabéu est incandescent. Le Real Madrid reçoit l’Olympique de Marseille en phase de groupes de Ligue des champions. L’ambiance est électrique, les projecteurs braqués sur Cristiano Ronaldo, recrue star du Real à 94 millions d’euros. Personne ne le sait encore, mais ce soir-là, une action va tout faire basculer et entrer dans l’histoire.
À la 60e minute, le monde retient son souffle : Cristiano s’écroule. Le Bernabéu explose.

Le tacle qui change tout
Souleymane Diawara, défenseur rugueux de l’OM, se jette dans un tacle glissé à pleine vitesse. Le ballon est touché… mais aussi la cheville de Ronaldo. L’arbitre n’hésite pas : penalty et carton rouge. Le Real mène, mais le prix est lourd : CR7 sort blessé. Diagnostic : entorse grave. Résultat, deux mois d’absence, 12 matchs ratés.
La presse s’empare de l’affaire. Les unes des journaux espagnols parlent du « tacle à 94 millions d’euros », soulignant le risque colossal pour la star portugaise, arrivée cet été avec le statut de joueur le plus cher de l’histoire.
Diawara entre regrets et franchise
Seize ans après, Souleymane Diawara n’a rien oublié. Ni la chaleur du Bernabéu, ni le vacarme qui a suivi son geste. Avec le recul, il reste droit dans ses crampons :
« C’était mon jeu : agressif, tonique. Je n’ai jamais taclé pour blesser. J’étais dégoûté qu’il rate deux mois, parce que les spectateurs paient pour voir des joueurs comme Cristiano. »
Il explique avoir présenté ses excuses via le club, et raconte même avoir échangé avec CR7, bien plus tard, grâce à une visioconférence organisée par son ami Sadio Mané. « On en a rigolé », dit-il aujourd’hui, preuve que le temps a adouci cet épisode devenu légendaire.

Une veille de match déjà chaotique côté OM
L’histoire avait mal commencé pour Marseille dès la veille. Diawara, pilier de la défense, avait passé plusieurs heures… en garde à vue, pour un problème de permis de conduire. Mathieu Valbuena s’en amuse encore :
« On attendait tous Souley à l’aéroport, et on apprend qu’il était en cellule. Il est arrivé ensuite, fidèle à lui-même, en rigolant. »
Une préparation à la marseillaise, pleine de désordre et de rires, qui annonçait une soirée compliquée face à l’armada madrilène.
« Cristiano m’a mis la misère »
Diawara le reconnaît sans détour : il a rarement souffert autant.
« Cristiano était un monstre. J’ai joué à peine plus d’une période et je suis sorti essoré. Avec Kaká, Benzema, Ramos, Pepe… pour moi, il était plus fort que le Real d’aujourd’hui. »
Un aveu qui traduit l’impact de CR7 : même blessé, même diminué, il avait marqué les esprits.
La revanche de Ronaldo
Si l’aller reste marqué par la blessure et la polémique, le retour au Vélodrome, en décembre 2009, sera celui de la revanche. Ronaldo frappe dès la 5e minute : un coup franc d’anthologie qui laisse Steve Mandanda cloué. Diawara, dépité, admettra :
« J’ai gueulé sur Mandanda au départ, mais après avoir vu la frappe, j’ai compris. »
Un missile, une réponse parfaite, une manière pour CR7 de rappeler qu’aucune blessure, aucun tacle, ne pouvait l’arrêter.
Une page unique de l’histoire
Ce 30 septembre 2009 restera gravé comme l’un de ces soirs où le football bascule. Pour Diawara, un souvenir amer mais assumé. Pour Ronaldo, une épreuve vite transformée en force. Et pour le public, l’un de ces instants où la légende se construit.
Car au fond, la question reste ouverte : sans ce tacle, Cristiano aurait-il explosé encore plus tôt au Real ? Et Diawara, sans ce geste, serait-il resté un défenseur “comme les autres” ?
Le football ne donne jamais toutes ses réponses. Mais une chose est sûre : cette nuit-là au Bernabéu a écrit une page à part, où la fragilité d’une star et la fougue d’un défenseur se sont entrechoquées pour marquer la mémoire collective.

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